Christophe Guilluy

géographe

Christophe Guilluy géographe

    wikipedia Christophe Guilluys

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Christophe Guilluy est un géographe qui travaille à l'élaboration d'une nouvelle géographie sociale. Spécialiste des classes populaires, il a théorisé la coexistence de deux France : la France des métropoles et la France périphérique.

Christophe Guilly est consultant auprès de collectivités locales et d’organismes publics.

http://www.courrierdesmaires.fr/26624/christophe-guilluy-geographe-la-france-peripherique-60-de-la-population-est-invisible-aux-yeux-des-elites/

Livres de Christophe Guilluy en vente sur amazon

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Le crépuscule de

la France d'en haut

... La France de périphérie ...

Fractures françaises

...

Atlas des nouvelles

fractures sociales

...

Atlas des

fractures françaises

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La France périphérique - Comment on a sacrifié les classes populaires

Christophe Guilluy

Flammarion - 192 pages - 18 €

Paru le : 17/09/2014

Désormais, deux France s'ignorent et se font face : la France des métropoles, brillante vitrine de la mondialisation heureuse, où cohabitent cadres et immigrés, et la France périphérique des petites et moyennes villes, des zones rurales éloignées des bassins d'emplois les plus dynamiques. De cette dernière, qui concentre 60 % de la population française, personne ne parle jamais. Laissée pour compte, volontiers méprisée, cette France-là est désormais associée à la précarité sociale et au vote Front national.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi a-t-on sacrifié les classes populaires sur l'autel d'une mondialisation volontiers communautariste et inégalitaire, aux antipodes des valeurs dont se réclame la classe politique ? Comment cette France populaire peut-elle changer la donne, et regagner la place qui est la sienne, la première ? Dans cet essai polémique et percutant, Christophe Guilluy dresse un diagnostic sans complaisance de notre pays, et esquisse les contours d'une contre-société à venir...

Christophe Guilluy

9 Octobre 2010

196 pages

Isbn : 978-2-84941-201-5

Code sodis:754752.8

Des banlieues aux zones rurales, des métropoles aux petites villes, dans quel état se trouvent les couches populaires, après vingt ans de mondialisation ? Dans Fractures françaises, Christophe Guilluy nous propose une leçon inédite de géographie sociale. S'appuyant sur sa discipline, il révèle une situation des couches populaires très différente des représentations caricaturales habituelles. Leur évolution dessine une France minée par un séparatisme social et culturel.
Derrière le trompe-l'oeil d'une société apaisée, s'affirme en fait une crise profonde du "vivre ensemble". Les solutions politiques et une nouvelle attitude sont possibles, pour peu que les nouveaux antagonismes qui travaillent la société soient reconnus et discutés publiquement. Il y a urgence : si la raison ne l'emporte pas, les pressions de la mondialisation qui élargissent les fractures sociales et culturelles risquent de faire exploser le modèle républicain.

Atlas des nouvelles fractures sociales : Les Classes moyennes oubliées et précarisées

15 septembre 2004

de Christophe Guilluy (Auteur), Christophe Noyé (Auteur)

"Fracture sociale", "France d'en bas", "quartiers sensibles"... Ces termes renvoient tous aux notions de désintégration sociale et de ségrégation. Mais ces formules, abondamment agitées par les politiques et les médias, masquent une réalité plus subtile. Le phénomène marquant de ces dernières années, ce n'est pas tant la paupérisation de certaines cités que l'embourgeoisement des centres. Les couches supérieures de la société se concentrent au cœur des villes, colonisant même les anciens quartiers populaires. Dans ces zones économiquement en pointe, tout est pensé en fonction des besoins de cette population aisée : environnement, place de la voiture, fiscalité, etc. Cette "ghettoïsation par le haut" dessine dans le même temps une "France périphérique", ignorée de la sphère politique et culturelle, alors qu'elle est largement majoritaire. Elle unit des catégories sociales autrefois opposées l'ouvrier en milieu rural, le petit paysan, l'employé d'un lotissement pavillonnaire bas de gamme et le chômeur de banlieue subissent aujourd'hui le même sentiment de relégation. La précarisation des couches populaires, en effet, s'étend désormais aux classes intermédiaires, comme en témoigne la dégradation des conditions de vie dans les nouvelles banlieues de lotissements pavillonnaires ou dans les villes nouvelles, conçues dans les années 1960 pour les classes moyennes. Cet ouvrage analyse les causes de ce délitement social, loin des faux débats sur l'intégration des jeunes issus de l'immigration ou sur la violence des banlieues, il en pointe également les dangers, dans une analyse des récents chocs électoraux : vote extrême et abstention.
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Loin de se résumer à la crise de certains quartiers populaires, les fractures sociales et territoriales structurent l'espace français au rythme des mutations socio-économiques et urbaines. Les fractures françaises ne se réduisent pas à la vision caricaturale d'une société divisée entre des " inclus " et des " exclus ", entre des quartiers populaires à la dérive et des quartiers huppés en voie de désolidarisation. L'atlas des fractures françaises souligne les limites d'une thématique de l'exclusion qui occulte en partie la question sociale ; le bilan mitigé de la politique de la ville n'étant que le reflet de cette impasse politique. L'ouvrage suggère au contraire la proximité sociale, et parfois territoriale, des classes populaires et moyennes qui subissent prioritairement les nouvelles mutations socio-économiques et l'insécurité sociale qui en résulte, tandis que les couches supérieures creusent l'écart en bénéficiant fortement de la nouvelle organisation de la société. La recomposition sociale et territoriale se réalise donc aujourd'hui plus par un accroissement des inégalités entre des catégories supérieures tentées par des pratiques d'évitement que par le décrochage des plus démunis et la dérive de quartiers dits sensibles. Cette recomposition sociale est renforcée par une accentuation des disparités territoriales qui favorise prioritairement les métropoles. La dynamique des fractures socio-spatiales contribue à accélérer une recomposition politique marquée par une participation toujours moindre des catégories populaires à la sphère publique, et par l'apparition de nouvelles logiques politiques de plus en plus influencées par les territoires.

I - Biographie Christophe Guilluy

source wikipedia

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Né le 14 octobre 1964

Formation :

Diplômé de géographie urbaine de l'université de Paris I - Sorbonne.

Travaux :

Christophe Guilluy travaille depuis la fin des années 1990 à l'élaboration d'une nouvelle géographie sociale. Ses travaux en géographie sociale abordent les problématiques politiques, sociales et culturelles de la France contemporaine par le prisme du territoire. Il s'intéresse à l'émergence d'une « France périphérique » qui s'étend des marges périurbaines les plus fragiles des grandes villes jusqu'aux espaces ruraux en passant par les petites villes et villes moyennes. Il souligne que désormais 60 % de la population – et les trois quart des nouvelles classes populaires – vit dans cette « France périphérique », à l'écart des villes mondialisées. Avec le sociologue Serge Guérin, il a mis en avant les « retraités populaires » pour signifier que la majorité des ménages de retraités est formée d'anciens ouvriers, employés ou petits commerçants habitant dans le périurbain et dans des conditions modestes voire précaires.

2004 :  Atlas des nouvelles fractures sociales, coécrit avec Christophe Noyé

2010 :  Fractures françaises

Les livres de Christophe Guilluy connaissent un réel succès critique et plusieurs hommes politiques de droite comme de gauche reconnaissent s'inspirer des analyses de ce dernier essai.

Mai 2013 : Christophe Guilluy avance que « la France de la périphérie » se réfugie dans un vote protestataire. Selon lui, « il n'est pas politiquement correct de dire que la majorité des Français se sent en insécurité face à la mondialisation. L'ouverture des frontières aux biens et aux marchandises se traduit pour eux par la perte croissante d'emplois industriels et par l'augmentation du nombre d'immigrés. » La France « invisible » aux préoccupations des hommes politiques formerait 60 % de la population. Il oppose ainsi une bourgeoisie riche, vivant dans les centre des villes et profitant pleinement des effets du multiculturalisme et cette France des zones périurbaines où les tensions entre les communautés sont plus fortes, qui a une perception de la diversité et de l'immigration tout à faite différente. Cette différence de perception s'exprimant dans le vote de cette France « invisible » car selon lui « les questions identitaires comptent beaucoup dans les milieux populaires ».

27 Octobre 2013 : Un documentaire intitulé La France en face, réalisé par Jean-Robert Viallet et Hugues Nancy, diffusé sur France 2, est fortement inspiré de son livre Fractures françaises.

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II - Bibliographie de Christophe Guilluy

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III - Analyses de Christohe Guilly

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Le Figaro Magazine - 9 Septembre 2016 - sortie "Le crépuscule de la France d'en haut"

Déclin des villes moyennes

Après les campagnes et les petites villes, ce sont maintenant les villes de moins de 100.000 habitants qui sont touchés par la paupérisation

  • Baisse de la population avec le départ des actifs et de leurs familles vers les grandes métropoles économiques.
  • Fermeture des commerces soumis à la concurrence des pôles régionaux commerciaux.
  • Transfert des emplois administratifs vers les grandes métropoles (Béziers s'est vidé de ses fonctionnaires au profit de Montpellier)
  • Sans croissance économique depuis 2008, il y a de moins en moins d'argent public pour venir en aide aux collectivités en difficulté.

Dans les milieux populaires de tous les pays, personne ne veut devenir minoritaire dans son "village".

Les bobos des mégapoles rêvent de larguer les périphéries

Les maires de Paris et de Londres n'hésitent plus désormais à proposer de s'émanciper du cadre national. Dans une tribune commune, Anne Hidalgo et Sadiq Khan font ainsi l'apologie du dynamisme des villes globales et ouvertes qu'ils opposent à la léthargie des Etats-Nations, considérés comme le cadre du repli sur soi. Structurellement minoritaires, les partisans de l'ordre mondialisé prônent donc maintenant l'indépendance de leurs citadelles et l'abandon des périphéries populaires !

 

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Challenges 25 septembre 2014 - sortie de "La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires"

L'espace péri-urbain subi

« L’espace péri urbain subi » tel que le définit le géographe Laurent Chalard.

« Leur localisation dans ces territoires est subi dans le sens où, si elles en avaient les moyens, ces populations habiteraient probablement en périurbain plus propre ou plus chic » .

Classe moyenne inférieure (employés administratifs, ouvriers qualifiés, chauffeurs routiers ou techniciens) qui souhaitent accéder à la propriété, population qui se sont ainsi éloignées des villes-centres et des zones d’emplois les plus actives.

Les cadres se concentrent dans le « péri urbain choisi », plus valorisé et plus proche des villes.

Fragilité sociale des habitants du péri urbain subi :

  • Problèmes financiers liés au chômage et au remboursement des emprunts immobiliers (spéculation immobilière)
  • Coût des déplacements : obligation de posséder deux voitures
  • L’éloignement des zones les plus dynamiques rend difficile le retour à l’emploi pour les chômeurs.
  • Les nouveaux arrivants des territoires périphériques ont fui les quartiers difficiles des grandes villes.
  • L’échec de la cohabitation avec les populations immigrés se cumule avec l’insécurité sociale des classes moyennes paupérisées.

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Le Figaro - Samedi 20 Juillet 2013 - page 20 - Interview de Christophe Guilluy par Albert Zennou

Impact de la mondialisation sur les territoires

La mondialisation a un impact énorme sur la recomposition des classes sociales en restructurant socialement et économiquement les territoires.

  • Les grandes métropoles branchées sur la mondialisation, peuplées de cadres et de populations immigrées.
  • La France périphérique des petites villes et des campagnes a perdu la maîtrise de son destin avec la disparition de la grande bourgeoisie provinciale.

Les grandes métropoles mondialisées concentrent les classes supérieures et tous les pouvoirs de décisions.

Les dynamiques d'embourgeoisement concernent d'abord les grandes métropoles, c'est à dire les territoires les plus dynamiques économiquement, ceux qui ont attiré le plus de catégories supérieures. Les grandes métropoles ont ainsi enregistré un processus de gentrification de l'ensemble de leur parc de logements privés, destiné hier aux catégories modestes et populaires. Ces métropoles mondialisées, qui accueillent aussi l'essentiel des flux migratoires dans les quartiers de logements sociaux, forment désormais les nouveaux bastions de la gauche.

La ruralité et les villes moyennes ont perdu la maîtrise de leur destin.

La majorité des catégories populaires se sont dispersées sur des territoires ruraux, dans de petites villes et des villes moyennes peu dynamiques. Dans ces territoires, la contestation s'exprime par l'abstention ou le vote FN.

Si l'on regarde les tendances longues du vote des catégories populaires, il y a très nettement un divorce qui s'accentue avec les partis de gouvernement. Ces populations ont le sentiment que les choix économiques opérés par les gouvernements des trente dernières années (1983-2017) ne leur ont pas été favorables.

Cette France périphérique, qui regroupe 60 % de la population française, recoupe la carte des plans sociaux. Dans ces espaces, lorsque l'emploi régresse, il n'y a à peu près aucune perspective d'amélioration.

Déclassement social des classes moyennes des Trente Glorieuses

De 1945 à 1975, la hausse du pouvoir d'achat et l'industrialisation de la France a permis la constitution d'une classe moyenne sur tout le territoire national.

Aujourd'hui, cette France des classes moyennes est repoussée loin des centres de décision :

  • Les grandes métropoles mondialisées se sont recentrées sur les secteurs économiques de pointe, générant une gentrification des grandes villes depuis les années 90. En se désindustrialisant les grandes métropoles ont perdu leur population ouvrière. La spéculation immobilière a créé un apparteid social, avec des centre-ville peuplés de cadres, d'ingénieurs et de fonctionnaires, qui par des passes droits se sont accaparés les appartements HLM les plus recherchés (1/3 des appartements HLM parisiens sont occupés par des ménages gagnant plus de 10.000 € par mois).
  • Au moment même où l'ensemble du parc immobilier des grandes villes est en train de se "gentrifier", l'immobilier social, les HLM, le dernier parc accessible aux catégories populaires de ces métropoles, s'est spécialisé dans l'accueil des populations immigrées. Loin d'être combattue, la polygamie donne droit désormais à l'octroie non plus d'un seul appartement social, mais de tous les appartements d'un même étage. Alors que la population immigrée se concentre dans des cités ghetto, les employés se réfugient dans des banlieues pavillonnaires de plus en plus éloignées.
  • Avec le déclin de la petite industrie traditionnelle depuis 2000, la désindustrialisation touche principalement les territoires périphériques, amplifiant le naufrage de la classe ouvrière dans le chômage de masse.
  • L'apartheid social s'est étendu aux retraités : les riches retraités s'installent dans les régions les plus dynamiques du sud de la France et les retraités moins aisés sont chassés des centre-ville par la spéculation immobilière.

Ne cohabitant plus avec les classes populaires, la vision économique des élites se limite à leurs seuls intérêts

Pour la première fois dans l'histoire de la France, les catégories populaires (ouvriers, employés, petits paysans, petits indépendants, retraités modestes) ne vivent plus là où se crée la richesse et où se concentrent les élites.

Les classes populaires ne sont plus intégrées économiquement, donc culturellement et politiquement. Aujourd'hui, la vision économique des élites n'intègre plus l'ensemble de ces catégories modestes.

Les corps intermédiaires ne jouent plus correctement leur rôle de protection des classes populaires.

Les partis, les syndicats et, plus largement, les prescripteurs d'opinion n'ont désormais plus aucune prise sur les gens. C'est le signe d'un décrochage d'une partie du pays. Si l'on prend en compte l'exemple des Bonnets Rouges, la composition sociale de ce mouvement est inédite : elle englobe des routiers, des ouvriers, des petits patrons, des fonctionnaires.....Cela signifie que les corps intermédiaires ne jouent plus correctement leur rôle. La radicalité monte, mais il n'y a pas de conscience de classe, au sens marxiste du terme. En revanche, il y a une perception commune d'un modèle mondialisé considéré comme hostile. Il ne vous a pas échappé que ce phénomène ne se déroule pas à Rennes, Brest ou Nantes, mais bien dans la "France périphérique", celle des petites villes, des villes moyennes, des espaces ruraux et des territoires à l'écart de la dynamique des métropoles.

Socles sociaux des partis politique

  • Le socle social du PS repose sur les fonctionnaires, au statut hyper-protégé et les classes sociales supérieures protégées de la mondialisation (médias, secteurs culturel et artistique, ....).
  • Le socle social de l'UMP repose sur les retraités, protégés de la mondialisation, et les classes sociales supérieures qui profitent de la mondialisation.
  • La sociologie du FN est une sociologie populaire (les salariés peu qualifiées touchés par le chômage de masse) et rurale (la France des petites villes et des campagnes déclassées par la mondialisation).
  • Les classes populaires qui refusent le vote FN se réfugient dans l'abstention.

"Les Français, contrairement à ce que disent les élites, ont une analyse très fine de ce qu'est devenue la société française parce qu'ils la vivent dans leur chair. Cela fait trente ans qu'on leur dit qu'ils vont bénéficier, eux aussi, de la mondialisation et du multiculturalisme alors même qu'ils en sont exclus."

Les revendications identitaires et culturelles ont remplacé les revendications sociales.

Incapables de résoudre les problèmes sociaux qui touchent les classes populaires, les politiques instrumentalisent les revendications identitaires et culturelles. L'élection présidentielle de 2012 en est l'illustration :

  • Patrick Buisson a poussé Nicolas Sarkozy a joué sur le "petit Blanc", avec la peur de l'immigration et de l'islamisme.
  • Terra-Nova a théorisé pour la gauche la nécessité de miser d'abord sur le vote immigré comme réservoir de voix potentielles pour le PS. Venu au pouvoir, François Hollande délaisse les questions économiques et sociales (le "social") pour des débats de société tels que le mariage pour tous, le vote des immigrés, la pénalisation des clients des prostituées (le "sociétal").
  • Marine Le Pen cherche à transformer le Front National en un Front Populaire capitalisant sur le ressentiment contre les élites et la mondialisation. Elle cède la posture raciste à Patrick Buisson, dont le discours permet de légitimer a-postériori le FN hérité de son père, tout en siphonnant l'électorat le plus radical de l'UMP qui n'a plus peur du tabou social du vote FN.

Les territoires peuvent se réapproprier leur destin

Il faut chercher des solutions directement sur ces territoires, et ce n'est pas impossible, notamment grâce à l'augmentation du niveau éducatif global. La matière grise est une réelle richesse pour cette France périphérique, elle permettra de réinventer le local. Les initiatives locales comme celles des "nouvelles ruralités" dessinent de réelles alternatives.

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Le Figaro Magazine - 9 Septembre 2016 - sortie du livre "Le crépuscule de la France d'en haut"

Déclin des villes moyennes : après les campagnes et les petites villes, ce sont maintenant les villes de moins de 100.000 habitants qui sont touchés par la fracture territoriale :

  • Baisse de la population avec le départ des actifs et de leurs familles vers les grandes métropoles économiques.
  • Fermeture des commerces soumis à la concurrence des pôles régionaux commerciaux.
  • Transfert des emplois administratifs vers les grandes métropoles (Béziers s'est vidé de ses fonctionnaires au profit de Montpellier)
  • Sans croissance économique depuis 2008, il y a de moins en moins d'argent public pour venir en aide aux collectivités en difficulté.

Dans les milieux populaires de tous les pays, personne ne veut devenir minoritaire dans son "village".

Les bobos des mégapoles rêvent de larguer les périphéries :

Les maires de Paris et de Londres n'hésitent plus désormais à proposer de s'émanciper du cadre national. Dans une tribune commune, Anne Hidalgo et Sadiq Khan font ainsi l'apologie du dynamisme des villes globales et ouvertes qu'ils opposent à la léthargie des Etats-Nations, considérés comme le cadre du repli sur soi. Structurellement minoritaires, les partisans de l'ordre mondialisé prônent donc maintenant l'indépendance de leurs citadelles et l'abandon des périphéries populaires !

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IV - "France, Portrait social" de Jean-Michel Floch de l'INSEE

Note INSEE publiée le 19 Novembre 2014

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Les travaux de Christophe Guilluy sont fortement critiqués par une partie des classes privilégiées des grandes métropoles mondialisées, car ils remettent en cause leur vision politique et leurs privilèges. Ce négationnisme de la réalité d'une fracture territoriale entre les grandes métropoles mondialisées et les territoires périphériques s'appuie sur une étude de Jean-Michel Floch de l'INSEE.

En fait, malgré une approche réductrice, qui se limite aux seuls revenus et ignore les fractures économiques et démographiques, le contenu de cette étude de Jean Michel Floch vient plutôt confirmer les analyses de Christophe Guilluy. 

Jean-Michel Floch reconnaît l'existence d'une fracture territoriale dans les aires urbaines de Paris et Lyon.

A Paris et Lyon, les CSP+ se concentrent dans la commune centre.

Ces deux agglomérations totalisent près de la moitié des CSP+ du pays. Elles constituent à elles seules une fracture territoriale au niveau national.

De Plus, Paris et Lyon sont les deux métropoles françaises les plus avancées dans la mondialisation et la nouvelle économie. Elles préfigurent ce que deviendront les autres grandes métropoles dans les années à venir.

Dans les métropoles universitaires, les CSP+ cohabitent avec d'importantes communautés étudiantes.

Dans les aires urbaines de Toulouse et Rennes Jean-Michel Floch avance que les revenus sont moins élevés dans la commune centre que dans la banlieue.

En fait, le revenu moyen de la commune centre n'a pas grand sens, car de riches CSP+ cohabitent avec une importante communauté étudiante. SI les étudiants n'ont pas le niveau de vie des CSP+, ils font partie du même monde sociologique et culturel.

La spéculation immobilière tend à chasser les étudiants hors du centre ville. Même avec une approche restrictive limité au seul critère du revenu, le processus de fracture territoriale est engagé à Toulouse et Rennes, même s'il a effectivement un délai de retard par rapport à Paris et Lyon.

Les CSP+ reviennent dans le centre ville des anciens fiefs socialistes

Historiquement, les communes de Marseille (Gaston Deffere), Lille (Pierre Mauroy puis Martine Aubry) et Strasbourg (Catherine Trautmann puis Roland Riess)  ont été durant de longues décennies des fiefs du Parti Socialiste. Le clientélisme politique s'est traduit par une forte taxation des ménages les plus riches, qui ont quitté le centre ville, et la construction de nombreux logements sociaux pour recruter des électeurs. Ceci explique que dans ces aires urbaines les ménages les plus riches résident en périphérie et que le centre ville compte un grand nombre de ménages aux revenus modestes.

Mais là comme ailleurs, les CSP+ reviennent dans le centre-ville. Le processus de fracture territoriale est bien amorcé, même s'il n'en est qu'à ses débuts.

Dans les métropoles au bord de mer, les ménages les plus riches résident hors du centre ville

Dans les aires urbaines de Nice et Marseille les ménages les plus riches résident dans des villas en bord de mer. Il y a bien une fracture territoriale, mais inversée par rapport aux autres métropoles.

La réduction des dépenses publiques va aggraver la fracture territoriale

Jean-Michel Floch constate que les transferts sociaux (aides sociales, pensions de retraites) ont permis de réduire la fracture territoriale. Ce qui est vraie.

Mais, il ne précise pas que ces transferts sociaux ont été financés depuis 30 ans par la dette. Avec un taux d'endettement proche de 100 % et des taux d'intérêts qui vont repartir à la hausse, les intérêts de la dette publique vont devenir le premier poste de dépenses du budget de l'Etat.

De plus, avec une vision réductrice de la fracture territoriale limitée aux seuls revenus, il écarte dans son étude la fracture démographique et la fracture économique, avec la disparition de la petite industrie et le déclin de l'agriculture dans les territoires périphériques.

Non seulement la fracture territoriale, démographique et économique, est bien réelle. mais elle va s'accélérer avec la réduction des dépenses publiques qui vont créer une nouvelle fracture au niveau du pouvoir d'achat.